300                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
pièces qui ont figuré, en 1883, à l'exposition triennale des beaux-arts.
Tels sont les seuls détails qu'on possède sur cette intéressante tentative de décentralisation. On ignore absolument à quelle époque l'atelier de Tours suspendit sa fabrication. Il appartient aux éru­dits de la province de compléter l'histoire de cette industrie locale, en faisant usage des faits définitivement acquis et sommairement analysés ici.
Atelier royal du fauboiirg Saint-Germain. — Cependant lés premiers directeurs de la manufacture des Gobelins avaient vieilli. À peine le privilège de 1607 était-il renouvelé pour huit années, à l'expiration de la première période, que les deux associés se sé­parent. Si la date exacte de la scission n'a pas encore été déter­minée, nous savons de science certaine qu'en 1630 Baphaël de la Planche, fils de François, avait quitté le faubourg Saint-Marcel, laissant Marc de Comans seul chef de la maison des Gobelins, et était venu fonder dans le quartier Saint-Germain, non loin de l'hôpital des Teigneux, une manufacture nouvelle, dont l'entrée principale donnait sur la rue de la Chaise. Avec des fortunes di­verses, le nouvel atelier vécut au moins vingt-cinq à trente ans. Ses œuvres obtinrent une grande réputation. Au début, les métiers de la maison du faubourg Saint-Germain occupaient de cent à cent vingt ouvriers, flamands pour la plupart, ainsi que cela résulte des pièces d'une instruction criminelle récem­ment publiée. Un pareil nombre de tapissiers a dû laisser des traces nombreuses de son activité. Aussi voyons-nous une quin­zaine de tentures, formant un total de plus de cent pièces, inscrites à l'inventaire de Louis XIV comme sortant de l'atelier des de la Planche.
Le fondateur de la manufacture de la rue de la Chaise jouissait de nombreux avantages. II recevait une pension annuelle égale à celle que son père avait eue dès 1607, soit 1,500 livres ; le roi lui payait en outre, chaque année, la somme de 900 livres pour la nourriture et l'entretien des apprentis qu'il était chargé de former; enfin le loyer des bâtiments occupés par ses ateliers, montant à 3,750 livres, était acquitté par le trésor. Malgré ces subsides, Raphaël de la Planche ne semble avoir réussi qu'à moitié; c'est lui-même qui en fait l'aveu. En effet, « ayant désiré pour les grands frais qu'il y